ASPO International
L’Association for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO) fut fondée par le géologue Colin Campbell et le physicien Kjell Aleklett . Il s’agit d’un réseau de scientifiques et autres, intéressés par l’évaluation de la date et de l’impact du pic et du déclin de la production mondiale de pétrole et de gaz, ce déclin étant dû à des contraintes physiques liées aux ressources.
Historique :
Colin J. Campbell :“C’est en Allemagne qu’ASPO a vu le jour. Le 07 décembre 2000, j’ai eu le privilège de donner une présentation sur la déplétion pétrolière à l’antique université de Clausthal dans le massif montagneux du Harz. L’idée de former une institution ou un réseau de scientifiques préoccupés par le sujet commença à germer. Le jour suivant, je présentai l’idée au Professeur Wellmer, directeur du BGR à Hanovre, et celui-ci m’apporta son soutien. Les suivants à se joindre au projet furent les Norvégiens, puis les Suédois. Aujourd’hui, ASPO est représentée dans presque tous les pays européens.”
ASPO Belgique
Historique :
Patrick Brocorens : “En 2005, la hausse du prix du pétrole faisait la une des médias – le baril avait franchi la barre des 50$. Cette agitation suscita ma curiosité, et c’est ainsi que j’ai découvert les travaux de Colin Campbell, Jean Laherrère et Marion King Hubbert, le géophysicien de Shell qui avait établi les bases théoriques du pic pétrolier dès les années 1930. Ces travaux éveillèrent en moi un vif intérêt, car très rapidement je me suis rendu compte que les énergies alternatives au pétrole avaient aussi leurs propres limites, et que le pic pétrolier représentait dès lors un tournant pour la civilisation.
En 2007, je rencontrai Jean-Luc Wingert d’ASPO France, qui m’encouragea à fonder ASPO Belgique. Dans la foulée, je décidais avec des collègues de l’Université de Mons d’envoyer aux autorités belges une résolution reconnaissant le défi posé par le Pic du pétrole, et le besoin pour la Belgique d’établir un plan de réponse et de préparation. Aujourd’hui, les parlements des trois régions ont leur résolution pic du pétrole, le Parlement wallon a son Comité Pics de pétrole et de gaz, la Belgique a accueilli la 9ème conférence internationale de l’ASPO (en 2011), et des recherches sur le pic pétrolier sont financées.“
De formation scientifique, les membres effectifs d’ASPO.be tentent d’apporter rigueur et clarté au débat sur les pics de production de pétrole et de gaz et les conséquences, afin que les hommes politiques, l’industrie et les citoyens puissent gérer plus efficacement les conséquences économiques et sociales liées à ces pics.
Les principaux objectifs d’ASPO.be sont :
- Evaluer les ressources mondiales en énergies fossiles ;
- Evaluer la date du pic de production des énergies fossiles, en particulier de pétrole et de gaz, et le taux de déclin de production qui suivra ces pics ;
- Etudier les conséquences du déclin de la disponibilité des différentes énergies fossiles ;
- Informer et conseiller la société de la réalité des pics pétrolier et gazier et de leurs conséquences ;
- Inciter la société, et en particulier les différents niveaux de pouvoir du pays, à déployer sans retard des mesures d’atténuation des effets des pics pétrolier et gazier.
Le pic pétrolier est un problème complexe où interviennent des aspects technologiques, économiques, politiques, sociaux et psychologiques, et dont les conséquences se font sentir dans tous les domaines de la société, de l’agriculture aux transports en passant par les soins de santé et l’éducation.
Les réponses que génère le pic pétrolier auprès des acteurs de la société sont donc multiformes, mais également dynamiques et s’influencent mutuellement. Chaque personne, avec sa vision du monde héritée de son éducation, croit volontiers qu’une réponse particulière s’imposera d’elle-même ou doit être privilégiée. Pour les uns, ce sera la technologie. Pour les autres, ce sera l’adaptation de la société. D’autres encore estiment que la société sera secouée par des crises économiques, et par contamination, des crises politiques. Mais répétons-le, toutes ces réponses ne sont pas exclusives. Elles se produisent simultanément et à des intensités diverses au cours du temps, et elles évoluent en s’influençant.
Puisque tout un chacun est affecté par le pic pétrolier et peut agir à son niveau, on peut imaginer que la mission d’ASPO.be sera remplie le jour où l’association comptera 11 millions de membres, c.-à-d. l’ensemble de la population belge. Mais se pose la question de savoir faire coexister et travailler ensemble des personnes aux visions du monde si différentes que ceux embrassant le nucléaire et ceux optant pour le deux-roues. Qu’y a-t-il de commun entre les membres de l’ASPO issus de l’industrie énergétique et les nombreuses organisations environnementales qui ont rapidement incorporé les travaux d’ASPO dans leur projet de société ? Non seulement les personnes peuvent être en désaccord sur le but, mais aussi sur les moyens d’y parvenir – et qui relèvent bien souvent de la politique. Par exemple, si le but est de réduire la consommation d’énergie dans les transports, faut-il y parvenir par l’information, des mesures incitatives, ou des mesures pénalisantes ? Et lesquelles ?
À ASPO.be, nous avons à cœur de maintenir la rigueur scientifique et la neutralité qui conviennent à l’étude d’un tel sujet, tout en favorisant une large ouverture vers les divers acteurs de la société. Dans ce but, l’association s’est dotée de trois catégories de membres :
Les membres adhérents, c.-à-d. toute personne sympathisante de l’association ;
Les membres effectifs, élus par le Conseil d’Administration, et qui présentent un programme d’activités en relation avec le but de l’asbl ou une contribution au bon fonctionnement de celle-ci.
Les membres d’honneur, désignés par le Conseil d’Administration pour avoir rendu des services insignes à l’association ou aux buts qu’elle poursuit.
Ce sont les membres effectifs dont l’association attend qu’ils soient les garants de la neutralité scientifique. Néanmoins, comme toute discussion sur les conséquences du pic pétrolier peut impliquer des propositions de nature politique ou idéologique, nous insistons sur le fait que ces aspects-là n’engagent que leur auteur et ne représentent en rien une position commune de l’association.
La politique d’ouverture de l’association s’illustre par ses membres adhérents et d’honneur, ainsi qu’au travers de collaborations menées avec des industries, universités, ONG, et gouvernements. Ces collaborations sont indispensables pour accélérer la diffusion du message de l’ASPO et la préparation de la société au effets du pic pétrolier, tout en permettant à l’association de rester largement concentrée sur son expertise scientifique des pics des ressources fossiles.